La révolution de février 1848 a mis fin à la monarchie
de Juillet et inauguré la brève expérience de la
IIe République. Mais, trois mois après cet immense espoir,
l'armée et les gardes mobiles ont brisé l'insurrection
d'ouvriers et d'artisans parisiens, barricadés dans l'est
de la ville. Pendant plusieurs jours, la République a
bombardé et massacré les insurgés : 3 500 morts officiels,
plus de 10 000 selon des témoins. À ces victimes
s'ajoute un grand nombre de déportés au bagne ou
ailleurs. C'est cette histoire tragique et oubliée que restitue
ce livre.
À partir d'un étonnant corpus documentaire, les auteurs
mettent en perspective l'ensemble de ces événements
et montrent en quoi ceux de juin 1848, plus
précisément, constituent un moment clé pour comprendre
la mise en berne des utopies surgies de l'inachèvement
de la Révolution française. En s'appuyant
sur les récits de témoins connus ou inconnus : de l'ouvrier
anonyme à George Sand et Karl Marx, en restant
au plus près de l'esprit de 1848, ils rendent compte de
ce temps d'ouverture exceptionnelle à l'espérance et à la
liberté de pensée, tout en retraçant la fatale succession
des drames qui a conduit du rêve au cauchemar. À la
manière d'un reportage, ce livre met en scène la fabrique
de l'histoire dans l'avènement de l'événement. Avec ses
interprétations contradictoires à travers les perceptions
qui se croisent, de manière souvent aveugle, dans le
feu de l'action.