L'auteur du présent ouvrage poursuit, dans ce deuxième tome (1886-1910), sa quête archivistique à la rencontre des « petits », des humbles. De ceux qui n'ont laissé que des informations à caractère anecdotique, des détails truculents par endroits, des cacographies et énigmes administratives. La consultation du nouveau corpus est toujours aussi surprenante que captivante, procurant un émerveillement renouvelé pour l'auteur. Ce dernier, au détour d'un registre de l'état civil, parmi les milliers d'actes de naissance, de mariage et de décès, épingle tel codicille, telle annotation, ajoutés à l'encre rouge, narrant les changements de noms, les modifications de statuts, Ici, c'est un intendant militaire, prussien de naissance, fait chevalier de l'Ordre de Léopold Ier. Là, un musicien, d'origine néerlandaise, qui est cité comme officier de la Couronne de chêne.
Si la mémoire est « toujours incertaine, généralement décevante, parfois perfide », comme le dit si bien l'historien Yerushalmi, l'ensemble des informations de ce nouveau corpus procure, sinon « un visage » à tous les membres de la communauté juive de Bruxelles - totalement oubliés faute de documents d'archives familiales ou de photos anciennes -, au moins une identité, un statut, une activité professionnelle, une adresse de résidence, un lieu de provenance, une parentèle.
La consultation des différents fonds d'archives rend, cette fois encore, plus visibles les femmes de la collectivité juive. En particulier, l'évolution de leurs statuts et activités professionnelles dans la société bruxelloise, au sein d'une Belgique en plein essor économique et social.