«Le lecteur ne trouvera ici que des choses vues, des événements
vécus, des rencontres, des conversations au fil des
jours. Je n'ai à aucun moment voulu faire oeuvre d'historienne.
D'autres s'en sont chargés, se chargeront demain de
retracer l'histoire de la Ve République, du général de Gaulle
à Nicolas Sarkozy. Ici, il ne s'agit que de journalisme, avec
tout ce que ce mot contient d'immédiat, d'incomplet, de
personnel, de subjectif.
«Quant aux lieux dans lesquels la plupart des propos
rapportés dans ces pages ont été recueillis : il s'agit de
l'Assemblée nationale le plus souvent et, plus largement,
de ce quadrilatère "microcosmique" où, entre Matignon et
l'Élysée, le Palais-Bourbon et celui du Luxembourg, entre
les Finances et la Justice, ministres et commis de l'État se
surveillent du coin de l'oeil, se sourient mais ne se pardonnent
rien. Des congrès politiques, en marge des longs discours
prononcés à la tribune par les uns tandis que les autres,
dans les couloirs, se chargent de distiller leurs vérités. Des
rédactions, enfin, où chacun échange son dernier tuyau.
Car ces chroniques sont aussi, d'une certaine façon, celles
des amis et amies journalistes qui m'ont accompagnée tout
au long du parcours.
«Cette histoire commence donc dans l'été 1965. La
première élection du président de la République au suffrage
universel doit avoir lieu dans six mois. À gauche, le maire
socialiste de Marseille, Gaston Defferre, s'est porté en
première ligne. En retrait, François Mitterrand attend. À
l'Élysée, le Général ne se sent pas menacé...»