Nous devions notre existence au hasard de la rencontre d'un ovule et d'un spermatozoïde qui faisait de nous des êtres humains néoténiques. La thèse que je défendais était que ce qui, dans le processus d'évolution, séparait la lignée des singes de la lignée des hommes était dû à une forme d évolution non graduelle mais accidentelle. La théorie des équilibres ponctués s'opposait en effet à celle du gradualisme Elle postulait que la spéciation ne se produisait pas graduellement au cours du temps, ce qui aurait laissé dans les archives géologiques des fossiles d'individus à divers stades d évolution, mais par bouffées soudaines, suivies de périodes de stabilité. Ainsi, l'apparition brutale d'une nouvelle espèce parmi les fossiles serait cohérente. L'espèce humaine aurait subi une forme d'évolution hétérochronique régressive appelée néoténie qui expliquerait ce qu on avait appelé « le chaînon manquant » que ne révélait aucun fossile. Bien sur, les tenants du gradualisme contestaient cette théorie, qui avait pourtant été défendue par Stephen J. Gould, sans doute le plus grand paléontologue du XXe siècle, arguant notamment que c'était l'explication la plus inattendue qui pût émaner d'un paléontologue pour qui les faits s'appuyaient sur des traces fossiles.