On peut lire les quatre ensembles qui constituent ce livre comme le
récit de quatre expériences : un éclair de lucidité au cours d'une promenade,
une confrontation avec les tâches ménagères, un épisode de
désarroi touristique, une conversation avec l'enfant. Le récit se fait un
chemin dans les bribes et les brisures du sens. Il aborde les difficultés
de communication entre les êtres, jusqu'au sein même de la famille.
Attaché à autrui en même temps que tourné vers une quête intérieure,
il esquisse le sentiment de l'indicible : il tente de nommer ce quelque
chose qui est - sauvage et violent -, en passant par des faits concrets de
la vie quotidienne, où la profondeur et la survie de l'humain souvent se
cachent sous l'apparente banalité.
Ce livre confirme la singularité de la poésie d'Anne Belin, tour à tour
fluide et heurtée, qui explore les failles du langage et de la conscience, et
où l'expérience formelle a toujours partie liée avec le vécu.