On est comme des soldats dans une jungle, la guerre est finie et on ne nous l'a pas dit... on a perdu. Non ? On a perdu et on n'a pas reçu le message. Ce soir, on baise un cadavre, mesdames et messieurs, désolé de parler aussi crûment. Un cadavre desséché. Je vois que toutes les parties qui le composent sont bien là... vous, le public, la scène, moi. Techniquement, un cadavre a toujours un coeur... mais il ne bat plus, si ? Il n'y a plus de pouls ici, si, dites la vérité. Il y en a un ? Plus maintenant.
Dans ce monologue, Tim Crouch s'intéresse au personnage du Fou qui, dans Le Roi Lear, disparaît à l'acte III. Il le fait revenir et le confronte à un monde en ruine, un monde où le pouvoir est corrompu, où l'argent camoufle le pire, où les plus pauvres sont déshumanisés, où les blagues tombent à plat, où le spectacle vivant est un privilège réservé à une minorité.
De Shakespeare au stand-up, Tim Crouch nous offre une magnifique lettre d'amour au théâtre en célébrant avec une force extraordinaire notre capacité à créer ensemble, chacun et chacune, de nouvelles réalités grâce à une technique trop souvent malmenée : le langage, le pouvoir des mots.