Jacques de Voragine, dominicain mort en 1298
archevêque de Gênes, est l'auteur d'une somme qui,
après la Bible, a donné lieu au plus grand nombre
de manuscrits au Moyen Age : la Légende dorée. Ce
prodigieux ouvrage, maintes fois commenté, n'a pas
livré tous ses secrets. Loin de se borner à consigner
la légende édifiante des saints du calendrier, il porte
une ambition bien plus considérable, estime Jacques
Le Goff : celle de christianiser le temps, et de montrer
comment Dieu, à travers le temps et par son
bon usage, peut enchanter le monde. Ainsi le temps
divin et le temps humain dialoguent dans un mouvement
perpétuel qui est celui de la vie même du chrétien,
saint ou non. A ce titre, la Légende dorée, «best-seller»
absolu, a joué un rôle déterminant dans l'élaboration
de la culture européenne, dont la conscience
et la maîtrise du temps sont des éléments essentiels.