De façon inédite dans son oeuvre, André Bûcher opère un retour sur son parcours, dessinant ainsi sa géographie
intime. Remonter à la source - celle de l'enfance, avec pour horizon des rails, des mille métiers de bûcheron, docker
à berger - et suivre les histoires d'une vie tracées comme autant de lignes dans la main calleuse de l'écrivain-paysan.
Procédant par ellipses ou détours pour mieux arriver à l'éblouissement du lecteur devant la montagne de Lure avec son espace sauvage peuplé de chênes, frênes, cèdres, cerfs, aigles et loups. Mythes et vallée du Jabron se superposent sur la même carte
redéfinissant les liens entre nature et littérature pour pleinement signifier ce vivre à l'écart.
De même qu'il existe une lutte à mener sur le langage, on peut être natif d'un pays, supposé enraciné - je préfère
dire ancré - et le regarder mourir. On peut aussi venir d'ailleurs et en faire partie intégrante. On en revient
à cette évocation des racines. Aériennes, souterraines, elles vous poussent ou vous retiennent. En soi, l'écriture propose un déracinement dans ce mélange permanent d'appartenance et d'exil. Ce qui explique mon obstination face à cet
incessant flux et reflux, à vouloir planter, éclaircir, élaguer et non seulement abattre, mais remplacer, réparer même. Les arbres
symbolisent la jonction, une symbiose adéquate entre ces pratiques.