Il nous aurait fallu des fusils à poème pour empêcher le massacre de
la partie la plus consciente de la poésie de notre peuple. Les militaires
et les bourreaux de tous les pouvoirs veulent extirper la poésie de nos
consciences, c'est leur unique but. L'état confond la rime de nos vers
avec ses publicités et ses slogans de propriétés sanglantes et avariées.
Nous avons des fusils poétiques. Nous avons des grenades de vers que
nous lançons comme des grammaires et des conjugaisons d'avenir.
C'est en poète que Serge Pey a été facteur du MIR (Mouvement de
la gauche révolutionnaire) entre la France et le Chili. C'est en
révolutionnaire du MIR (Mouvement indompté du rêve) qu'il nous
délivre aujourd'hui cette somme de poèmes écrits à partir du
5 octobre 1974, date de l'assassinat de Miguel Enriquez (secrétaire
général du MIR) par la DINA - la police politique de Pinochet.
Un artiste organise toujours l'envahissement de la marge et déborde
le centre. Il fait venir les banlieues de l'écriture sur les places de la
décision, nous dit Serge Pey, ailleurs...