La rivalité, l'affrontement, le combat ont joué un rôle primordial
dans l'avènement, la croissance et la conservation de la civilisation
de la Grèce antique, puis incidemment de la nôtre. Les Grecs
appelaient «Agôn» une telle détermination.
Cet essai veut s'attacher à décrire les modalités, les formes, les
fonctions de l'affrontement dans les tragédies d'Eschyle, le plus
ancien des trois grands tragiques grecs. Ce «seigneur
dionysiaque», ainsi qualifié par Nietzsche, invente et met en
scène un mode de lutte original, spécifique aux humains, alliant
tout à la fois le combat physique - la joute des corps -,
l'«agôn-logôn» - la joute de paroles - et leur représentation
mimée, dansée, chantée par les acteurs et le choeur, ouvrant ainsi
la voie à d'illustres épigones : Sophocle, Euripide, Sénèque et
plus près de nous, Racine...