Entre un auteur qui bataille pour tenir les rênes de son récit et ses personnages qui veulent prendre le pouvoir, s'installe une lutte sans pitié pour le bon déroulement du roman.
Un homme – appelons-le l'auteur – se lance dans l'écriture d'un premier roman. Désargenté mais doué d'un sens très personnel de l'intrigue et de la grammaire, il fait preuve d'une grande abnégation et n'ambitionne pas moins que d'écrire un chef-d'œuvre, qui sera justement Albert et l'argent du beurre, l'histoire d'un trio enfermé dans une propriété perchée sur les hauteurs de Nice.
Il y a là Albert, le serviteur, qui partage son temps entre les courses au village, la cuisson des sardines et le tricotage d'une chaussette géante ; le musculeux et vaniteux Bruce, qui entretient son corps afin de mieux assouvir sa soif de conquêtes féminines et s'entraîne en vue du championnat de mots croisés à genoux ; enfin Sophie, que l'on suppose être sa compagne. Mais l'intrigue piétine et l'ennui s'installe chez ces personnages qui, peu à peu, décident donc de prendre un peu d'indépendance – au grand dam bien sûr de l'auteur. Lequel finit par éliminer Sophie, qui s'acharne à saboter le livre en changeant de prénom de manière intempestive.
Entre l'auteur qui bataille pour continuer à tenir les rênes et ses personnages soutenus par quelques protagonistes de passage (la remplaçante de Sophie, une crémière supersonique sosie d'Édouard Philippe, un médecin récent, un avocat médiatique ou encore Claude Lelouch), c'est le début d'une lutte sans pitié pour le bon déroulement du roman.