Depuis la fin des années 1980, au moins quarante animaux et trois hommes se sont aventurés sur une plage bretonne, ont foulé l'estran et y ont trouvé la mort.
L'identité du tueur en série est un secret de polichinelle. Son odeur d'oeuf pourri le trahit. L'hydrogène sulfuré (H2S) émanant des algues vertes arrive en tête de la liste des suspects. De nombreux citoyennes et citoyens ont lancé l'alerte à de multiples reprises, sans réussir à empêcher la répétition des accidents. Thierry Morfoisse est ainsi décédé en 2009, après avoir charrié une benne d'algues en décomposition de trop. C'est seulement en juin 2018, neuf ans après son décès, que sa mort a été reconnue en accident de travail.
Les algues maudites sont le symptôme d'un mal profond qui prend ses racines dans les lois de modernisation agricole des années soixante, leur fumet méphitique s'immisce dans une nébuleuse d'intérêts et de lâchetés mêlant gros bonnets de l'agro-industrie, scientifiques à la déontologie suspecte, politiques craignant pour l'emploi ou leur réputation touristique.
C'est ce que révèle l'enquête choc de la journaliste Inès Léraud et du dessinateur Pierre Van Hove.