Etre seul(e). Marcher dans une ville qui nous est étrangère, familière, les deux. Se trouver des points de repères, revenir sur ses pas, tracer des boucles, inventer des itinéraires. Se parler à voix haute pour se rassurer, peut-être, tester quelques limites. Dialoguer avec les façades, un pont, un château d'eau. Croiser du monde, suivre des rues désertes. Ne pas savoir que faire de soi, de son corps qui avance. Se sentir traversé(e) – guidé(e) ? – par des mots, des phrases venus de livres, de plans, de lettres, de panneaux d'affichage... Par tout ce qui semble savoir où se rendre mieux que nous, ne cesse de nous le dire.
Tout cela, est-ce la même chose pour l'auteur et son avatar ? D'un côté, Dita Kepler, être virtuel capable de voler, de planer, de se transformer à volonté. De l'autre, un je qui ne possède aucun de ces pouvoirs mais peut faire chuter le personnage où bon lui semble. Ici, pour l'une comme pour l'autre, il s'agit d'arpenter Marseille. Technique d'approche : l'anamorphose. Ou comment se distordre pour mieux se retrouver.
Anne Savelli a publié plusieurs livres « papier », dont Fenêtres, Open space et Cowboy Junkies (Le Mot et le reste), Franck (Stock), Décor Lafayette (Inculte), et numériques, dont Des Oloé, espaces élastiques où lire, où écrire (D-Fiction), Autour de Franck (avec Thierry Beinstingel, publie.net), Laisse venir (avec Pierre Ménard, La Marelle).