Animal du coeur
« Un père, au jardin, désherbe l'été. Debout près de la bordure, une enfant se dit : mon père en sait long sur la vie. Car le père place sa mauvaise conscience dans les plantes les plus nulles et les arrache. Juste avant, l'enfant a souhaité que les plantes les plus nulles échappent à la binette et survivent à l'été. Mais elles ne peuvent pas s'enfuir, parce qu'elles doivent attendre l'automne pour avoir des plumes blanches. Alors seulement, elles apprendront à voler. »
Lola a quitté sa province pour échapper à la misère et faire ses études à Timisoara. Un jour, on la retrouve pendue dans son placard. À cette mort misérable s'ajoute son exclusion infamante, à titre posthume, du Parti communiste. La narratrice, ancienne camarade de chambre de Lola, ne croit pas à la thèse du suicide, pas plus qu'Edgar, Kurt et Georg. Mais l'amitié qui se noue entre elle et les trois garçons, puis avec Tereza, est menacée par cette société qui broie l'individu et tous ceux qui s'y opposent.
Animal du coeur dépeint le régime de terreur de Ceausescu et ses conséquences sur de très jeunes vies. L'auteur y interroge la capacité de l'homme à résister à toute normalisation et à sauver son humanité profonde. Ce roman est écrit dans la langue d'une richesse poétique inouïe qui fait la singularité du puissant style de Herta Müller.