Les Années Camus s'achèvent sur le cruel accident du 4 janvier 1960. Le choc atteint Jean-Pierre Millecam d'autant que l'auteur de L'Étranger n'a cessé de le défendre et de le révéler auprès de Gallimard.
Depuis 1958, l'héritier présomptif a trouvé une épouse dont le dévouement lui a fait oublier l'attentat dont il a été victime le 12 mai 1956. Mais, à l'occasion, la mort a choisi : l'assassin, stipendié par les gendarmes d'un village proche de Tlemcen (Algérie), est mort, crucifié sur un figuier, la langue arrachée. Le Qualis Artifex pleurera néanmoins son meurtrier, dont il n'a jamais vu le visage.
Geneviève Serreau prend la relève. Bien loin de l'hiver, les roses connaissent une incroyable floraison. Hélas, l'épouse idéale doit naviguer constamment entre le Maroc et Paris pour des soins cliniques. Jean-Pierre Millecam se sent de nouveau livré aux forces qui le traquent depuis la naissance. C'est alors que Zohair, un lycéen d'une vingtaine d'années, le surprend à discuter avec ses élèves sous les jacarandas d'un jardin public. Zohair se jure qu'il a trouvé le maître absolu, la moitié dont sa naissance l'a amputé.
Grâce à sa philosophie toute proche de Platon, le jeune félin fait la conquête de celui qu'il appellera le petit crustacé. Car c'est ce Zohair, ce Petit archer, qui aura raison du rigorisme janséniste de Jean-Pierre Millecam et développera avec lui une amitié aussi magnifique qu'inattendue.
Trente ans plus tard, maître ou disciple, tous deux, séparés par des lieues et des lieues, renouvellent jour après jour, au téléphone, leur antique passion au milieu d'éclats de rires qui ne démentent jamais ces roses pour l'hiver. Ce récit authentique alterne la narration romanesque et le style du mémoire, avec un déluge de considérations sur l'art et les grandes figures de l'époque comme les Malraux, les Jules Roy, les Céline, etc.