Ce livre se veut une tentative de démontrer théoriquement, et par l'exemple, la possibilité d'une histoire économique de l'art, qui articule mécanismes sociaux ou politiques et enjeux symboliques ou patrimoniaux. Mettant en question un certain nombre de positions que l'on croyait acquises sur le fonctionnement de la vie artistique et de la commande, dans l'Italie de la Renaissance et du début des Temps modernes, il montre qu'il n'exista pas un marché mais des marchés de l'art, et qu'on a trop extrapolé sur le rôle des cités marchandes au lieu d'étudier des principautés où fonctionnaient non pas une cour - comme tendrait à le faire croire Martin Warnke dans son célèbre essai de 1985, Hofkünstler -, mais des cours parallèles, rémunérant toute une série de serviteurs, dans laquelle les artistes n'ont pas toujours le premier rôle. Guerzoni rend aussi toute leur place au luxe et aux techniques sophistiquées dans le prestige et la vitalité économique de l'Italie, et ce, jusqu'à nos jours. Dépassant le cadre chronologique affiché, il fournit pour finir une description exemplaire des tiraillements entre protection du patrimoine et exportation des biens culturels en Italie, de l'Ancien Régime à aujourd'hui.