De par les conditions et modalités de leur émergence, les créoles sont
de véritables laboratoires propres à activer les recherches dans divers
domaines, notamment en ce qui concerne la genèse des langues. Avec
le présent ouvrage, le rôle de la métaphore, tel que mis en évidence par
Lakoff et Johnson et défini comme fondateur des opérations cognitives,
concerne également, de façon jusque-là inédite, celui de la langue elle-même,
dans ses axes paradigmatique et syntagmatique, voire «parasyntagmatique»,
cette dernière expression étant un néologisme généré
par l'observation et l'analyse de faits de langue. Ce travail est dédié à
une redynamisation concrète de l'ensemble des créoles à partir de la
découverte de leurs ressources et potentialités lexicales. On peut
espérer qu'il suscitera une prise de conscience chez les locuteurs, dont
la pratique linguistique est constamment menacée par la décréolisation,
phénomène trop souvent ignoré, méconnu, minoré, voire nié. D'où le
sous-titre Ranboulzay I / Révolution I.
Compte tenu de la complexité de cette investigation et des différences
existant entre les divers créoles, la focalisation sur un seul d'entre eux -
en l'occurence le martiniquais - s'imposait. La méthodologie à l'oeuvre
dans cette recherche pourra néanmoins être mise à profit pour l'étude
de toutes les autres langues.