Nous vivons une des très rares mutations de l'écrit.
Rares (la tablette, le rouleau, le codex, l'imprimerie),
mais chaque fois irréversibles et globales.
Ce que change Internet, ce n'est pas le rapport au livre,
c'est le rapport au monde. Le numérique affecte la façon
dont on écrit aussi bien que celle dont on lit, nos bibliothèques
comme la trace que nous laissons parmi les autres.
Il ne s'agit pas ici de prédire. Prendre le temps, au
contraire, de considérer l'histoire récente de notre propre
rapport à ces machines, comment nous nous en servons,
ce qu'elles ouvrent de possibles. Prendre le temps de
revenir à quelques oeuvres décisives, celles de Balzac ou de
Rabelais en font partie, qui sont elles-mêmes l'empreinte
d'une de ces transitions. Alors peut-être accepterons-nous
de voir que s'offrent pour nos fables, nos récits, nos lettres,
nos carnets privés, nos images aussi, d'autres vecteurs,
une autre mémoire et de nouveaux modes de transmission.
Nous sommes déjà après le livre.