Il faisait déjà nuit lorsque nous traversâmes pour la dernière fois le lit de l'Orénoque. Nous devions coucher près du fortin de San Rafael et entreprendre, le lendemain dès l'aube du jour, le voyage à travers les steppes de Venezuela. Près de six semaines s'étaient écoulées depuis notre arrivée à l'Angostura, nous désirions vivement atteindre les côtes pour trouver soit à Cumana, soit à Nueva-Barcelona, un bâtiment qui pût nous conduire à l'île de Cuba et de là au Mexique. Après les souffrances auxquelles nous avions été exposés pendant plusieurs mois, naviguant dans de petits canots sur des fleuves infestés de moustiques, l'idée d'un long voyage de mer se présentait avec quelque charme à notre imagination. Nous ne comptions plus revenir dans l'Amérique méridionale.