Dans cet ouvrage, je tente de répondre aux questions suivantes : quelle est l'autorité de l'auteur ? Quelle est la relation entre l'auteur et le lecteur ? Quelle est l'esthétique de la production textuelle ? En quoi la problématique de l'auteur rejoint-elle celle de la création ? Comment ce processus de création est-il à l'œuvre, chez l'auteur vivant, par opposition à l'auteur de papier ? Et surtout, pourquoi un nombre fantastique de fantasmes et de projections dépréciatives sont-elles venues s'abattre sur l'auteur ?
Je suis allé à la recherche de la faille principale : la démagogie à l'égard du lecteur, la condescendance à l'égard de l'auteur, l'arrogance d'une critique établie qui veut tout maîtriser.
En faisant naître le lecteur, Roland Barthes met à mort l'auteur en 1968. Le geste avait quelque charge provocatrice contre l'ordre du père, l'auteur du livre, Dieu en somme. Cet acte symbolique est suspect parce qu'il est éminemment haineux et fanatique. La relativisation des propos outranciers de Barthes et de Foulcault ne permet plus de postuler, avec Couturier à la fin des années 90, à l'existence de la tyrannie de l'auteur sur le texte. Les tyrans sont peut-être ailleurs. Mais, puisque Barthes a parlé de guerre des langages et de mort, la guerre est toujours ouverte ; elle dure depuis plus de trente ans et son résultat est une mise à mort de la fonction, de la place, du travail de l'auteur et de sa personne.