Depuis la chute de l'Union soviétique, Arméniens et Azerbaïdjanais se disputent dans un tourbillon de violence le territoire du Haut-Karabakh, province arménienne rattachée à l'Azerbaïdjan par Staline en 1921. Près de quarante ans après les premiers coups de feu qui ont retenti dans ces montagnes caucasiennes, ce chapelet de guerres (1991-1994, 2016, 2020) est considéré comme l'un des conflits les plus meurtriers depuis la fin de la guerre froide. Archétype des guerres post-soviétiques, il s'ouvre sur une « victoire militaire » arménienne et s'achève avec une « victoire militaire » azerbaïdjanaise sous le regard cynique d'une Russie qui se promène de Bakou à Erevan, tout en passant du statut de puissance post-communiste à celui de puissance néo-impériale... Voilà pourquoi un rocher grand comme un département français coincé dans les plis de l'Europe et de l'Asie, de la Russie et du Proche-Orient, provoque autant de passions, de déchirures et de tragédies. C'est ce que démontre Gaïdz Minassian dans ce remarquable essai aussi original que nécessaire, donnant les clés de compréhension politique, culturelle et sociale de cette guerre existentielle en relation directe avec la sécurité de l'Europe.