La France se réveille en Afrique avec la gueule de bois. Elle pensait que
tout y était encore sous son contrôle et que sa «science africaine» était
infaillible. Tout cela n'est qu'un leurre : les destinées politiques, religieuses,
sociales et économiques de ce continent lui ont complètement échappé.
Par arrogance, les dirigeants français ne se sont jamais véritablement
intéressés à la complexité de l'Afrique. Quant à ceux qui s'y sont installés
tout au long de la guerre froide - coopérants venus pour enseigner ou
militaires y vivant en famille -, ils ont plus souvent cherché à former des
Africains à leur image qu'à comprendre leurs spécificités et leurs désirs.
D'ailleurs, en France même, n'aime-t-on pas que les Afro-Français qui
nous ressemblent ?
Aujourd'hui, la France paie cher cette arrogance. Les anciennes
générations lui reprochent son ingratitude, tandis que les jeunes diplômés
refoulés aux portes des consulats préfèrent poursuivre leurs études
ailleurs. Les plus grands groupes industriels français perdent des contrats
qu'ils pensaient leur être dus et des parts de marché face à leurs concurrents
chinois. Les congrégations catholiques françaises sont vivement
concurrencées par les Églises de réveil (évangéliques, pentecôtistes,
charismatiques...), sans parler de l'expansion de l'islamisme radical.
La méconnaissance de l'Afrique et des Africains a conduit la France à
des analyses anachroniques et à sous-estimer la richesse de ce continent
et de sa diaspora. C'est ce mépris qu'Antoine Glaser s'emploie à dénoncer
ici. Il est temps de cesser de donner des leçons et d'apprendre de l'Afrique !