Jean Amos Comenius (1592-1670) est l'une des
plus grandes figures intellectuelles du XVIIe
siècle. C'est le dernier évêque de l'Unité des
Frères tchèques et moraves, église protestante
héritière spirituelle de la réforme hussite,
inspirée par l'enseignement de Petr Chelcicky
et fondée par le Frère Grégoire. Philosophe,
théologien et pédagogue d'exception,
Comenius entretient d'importantes correspondances
avec René Descartes, Marin
Mersenne, Samuel Hartlib, John Dury. Son
activité intellectuelle et ses démarches
politiques pour rétablir dans ses droits sa
communauté exilée par la contre-Réforme ont
marqué son temps. Il oeuvre pour mettre un terme à la Guerre de Trente ans,
favorise un dialogue entre catholiques, protestants, juifs et musulmans, et
envisage un gouvernement à l'échelle européenne. Ses écrits ont
considérablement influencé des penseurs comme Antoine Arnauld, Pierre Nicole,
Gottfried Wilhelm von Leibniz, Johannes Gottfried Herder, Tomás
Garrigue Masaryk, Ernest Denis, Emanuel Rádl, Jan Patocka, Jean Piaget.
Il rédige vers 1621 un manuel d'homilétique à l'attention des séminaristes et des
jeunes pasteurs de son Église. Traduit pour la première fois en français, cet
ouvrage propose plus qu'un art et un enseignement de la prédication. Il ouvre des
portes sur la linguistique, la poétique, l'exégèse et l'herméneutique de toute une
tradition littéraire et religieuse. Il montre comment le sermon est un genre
littéraire majeur, considéré pendant des siècles comme une source privilégiée
d'informations et un moyen efficace de communication entre les hommes et
leurs institutions. Il témoigne enfin de la transformation qui s'opère, à l'époque
du baroque, sur cette littérature orale qui finit par se fixer dans une écriture
littéraire.