Vous visitez un musée et vous arrivez face à un objet déconcertant qui
n'a, en apparence, rien de beau ni de spécial. Vous auriez pu le faire vous-même.
L'incompréhension et une pointe de colère vous submergent et
vous vous dites : «de l'art... ça ?!». Ça y est : vous êtes tombé dans le
piège tendu par l'artiste.
Le philosophe et critique d'art américain Arthur C. Danto (1924-) est
aussi tombé dans le piège en 1964 devant Boîtes Brillo, l'oeuvre de Warhol
qui a choqué le public new-yorkais par son caractère... banal. En quoi ces
reproductions fidèles de cartons de produits ménagers devraient-elles être
considérées comme de l'art ? C'est en cherchant la réponse à cette
question que Danto a été amené à publier un ouvrage qui a marqué la
philosophie de l'art contemporaine. Traduit en français en 1989 sous le
titre La transfiguration du banal, l'ouvrage vise à expliquer ce qui
différencie, ultimement, l'objet d'art de l'objet ordinaire. Si ce n'est ni
l'apparence ni l'habileté technique requise pour sa production qui font en
sorte qu'un objet peut être considéré comme une oeuvre d'art, qu'est-ce qui
peut bien distinguer une véritable boîte de Brillo de l'oeuvre de Warhol ?
Axé sur une analyse détaillée du rôle assigné à l'interprétation de
l'oeuvre d'art, Arthur Danto ou l'art en boîte vise à exposer de façon
synthétique l'apport d'un penseur qui a alimenté la réflexion et les débats
récents en esthétique des trente dernières années. Un demi-siècle de
bouleversements dans le monde artistique et philosophique nous sont
racontés ici de façon critique à travers le cheminement d'un passionné
d'art qui nous a livré une réflexion aussi riche et originale que stimulante.