Arthur Rimbaud
Éthique du temps de l'immaturité
« La Poésie ne rythmera plus l'action, elle sera en avant », dit Arthur Rimbaud. Qu'est-ce donc qu'être en avant ? Avancer au-devant de l'humanité, oeuvrer à la libération de l'humanité. Mais aussi être dans une sortie de la poésie.
Rimbaud inaugure une poésie qui sort de la poésie et instaure un nouveau rapport à la littérature, qu'on nommera éthique. C'est à comprendre la portée de cette éthique que la présente réflexion s'attache. Fondamentalement, des oeuvres comme Une saison en enfer ou Illuminations ne bâtissent rien qui ne cherche à s'écrouler. Et le cheminement rapide et radical de Rimbaud n'aura été qu'une succession de saisons, ressemblant à des stations christiques, des crises communalistes ou des délires apprivoisés, toutes inefficientes par leur participation aux discours du monde. Mais si la poétique rimbaldienne sort d'elle-même, jusqu'à disparaître, c'est aussi pour engager une éthique chez le lecteur, rendu à l'immaturité du jeu et à la liberté du sens.