Ce livre est un témoignage de fidélité. A une aventure personnelle
au long cours, à une certaine manière d'envisager et de raconter
l'histoire nationale, à une idée de la France qu'occulte beaucoup le
récit des guerres, des crises, des épreuves et de tout ce que nous
avons payé au prix fort depuis 1870.
On oublie trop souvent en effet que les Français de tous horizons
- politique, social, culturel ou géographique - n'ont jamais abandonné
leurs rêves. Ils ont même déployé des talents exceptionnels dans la
chasse au bonheur, oeuvrant pour les mille joies qui tissent la vie
d'un être collectif. Ici, le plaisir simple des guinguettes, du vélo, du
pique-nique amical ; plus tard, celui des vacances «payées», de l'excursion
automobile ou de la découverte en commun de la radio, du
ciné et de la télévision. Ailleurs les satisfactions d'être encouragés
dans cette recherche par ces «monstres froids» que leur semblaient
être l'école, l'Etat et la République, protecteurs sévères de l'identité
tricolore et capables de répondre à cette soif de mieux-être et de
dignité à portée de main par le certif, les assurances sociales ou la
laïcité. Les Français ont bien su repérer les meilleurs d'entre eux, les
Jaurès, Marc Bloch, Mendès France ou de Gaulle, tous avocats d'une
fraternité qui n'était pas pour eux qu'une devise.
Une histoire de petits bonheurs ? Soit, mais aussi indispensables
que le pain quotidien et d'autant plus chers aujourd'hui qu'ils disparaissent
dans la légende d'un siècle.