Tout avait commencé voilà maintenant presque neuf ans, un jour où l'oncle Leonardo m'avait emmené à une coupe de pins
maritimes dans les hauteurs d'Alcaduz. Je m'en souviens assez bien encore. C'était une matinée incolore et humide, avec un
brouillard véloce qui se faufilait entre les arbres et laissait accrochées aux branches des espèces de toisons cotonneuses. Au coeur de la futaie, là où la pente de la butte se faisait plus prononcée, une ligne de trouée indiquait l'avancée de la coupe, qui n'allait pas dépasser cette fois-là une demi-centaine de pins serrés.
La maîtrise de la construction et la richesse d'une écriture passant avec virtuosité d'un registre à un autre, du foisonnement baroque à l'extrême précision, du langage quotidien aux descriptions évocatrices, de la charge sociale à un humour fin ou absurde, contribuent à l'attrait de ce roman de haut vol, dont l'univers étrange et la singularité hantent longtemps l'esprit.