Au commencement était le verbe
Toute oeuvre littéraire suppose la mémoire d'autres textes. En Suisse francophone, l'Ancien et le Nouveau Testament ont continué de représenter pour les écrivains une réserve fondamentale d'images, d'histoires ou de figures, jusque dans les années 1970 - fût-ce dans le but de les subvertir radicalement. En quoi C. F. Ramuz, Biaise Cendrars, Jacques Chessex, Catherine Colomb, Nicolas Bouvier, Corinna Bille, Jean-Marc Lovay ou Yves Laplace, autant d'inventeurs de langue, sont-ils empreints du matériau biblique ? Sylviane Dupuis, textes à l'appui, explore les traces des Écritures. Et constate qu'elles fournissent une sorte de matrice aux oeuvres littéraires. Elle propose dans cet essai plusieurs pistes permettant de comprendre les raisons de cet attachement et pourquoi la plupart des grands écrivains de Suisse romande n'ont eu de cesse de retisser ou déconstruire la Bible. Comme une marque de fabrique commune malgré les écritures infiniment diverses de ces auteurs et en dépit de l'agnosticisme de la majorité d'entre eux.