Otoños y otras luces (2001) est construit autour de grandes thématiques intemporelles, mais qu'Ángel González, poète espagnol majeur de la seconde moitié du XXe siècle, a faites siennes au fil de son oeuvre : ainsi la fuite du temps, vue par le sujet vieillissant, tentant de garder avec le monde un lien où les sensations démontrent l'existence d'un sujet, qui ainsi s'assure de l'existence du monde, dans un univers crépusculaire - et automnal - résistant à la venue de la nuit et du néant. Ce thème du temps individuel, plus généralement humain, mais aussi historique, facteur de destruction autant que de désillusions, est, au sein de cette oeuvre, fondateur. La femme, l'amour et la relation du discours amoureux à la création langagière caractérisent également cette voix. L'hommage aux poètes contemporains, ici le poète Claudio Rodríguez, participe d'une ample réflexion sur la poésie. L'ensemble est écrit sur ce ton si caractéristique, paradoxal car « sans espoir, avec conviction », auquel s'adjoignent la pudeur sur laquelle insista Emilio Marcos Llorach, et l'humour à portée « ironique », source de destructions et de reconstructions du langage poétique. Traduire cette oeuvre, c'est affronter de multiples pièges, dont celui d'un langage en apparence simple et colloquial, mais travaillé selon les principes d'une inventivité distanciée rendant sensibles à quiconque la matière langagière et l'expérience qu'elle révèle. La souplesse des formes, l'art de l'enjambement, les jeux de mots, sont autant de défis lancés au traducteur, obligeant à une réécriture et à la recherche d'équivalences aussi bien sur le plan lexical, syntaxique, que métrique et sonore.