Puisque un jour sera le dernier, ce jour est déjà là
inscrit dans chacun que l'on vit. On peut tourner les choses
dans tous les sens : il n'y a pas d'autre explication à l'acte
de créer, pas d'autre origine à nos errances dans les musées,
à nos heures passées dans les livres.
Octobre 1936. Samuel Beckett a trente ans. Il
entreprend un étonnant voyage en Allemagne nazie
afin de s'y confronter à l'art au moment où le régime
évacue des collections publiques les oeuvres dites
dégénérées. Le 14 février 1937 à Dresde, il note
dans un carnet sa prédilection pour un petit tableau
de Caspar David Friedrich, Deux hommes contemplant
la lune, dont il dira plus tard qu'il est la source
d'inspiration d'En attendant Godot.
À partir de cet énigmatique et unique repère,
Stéphane Lambert, comme dans ses précédents
livres sur Nicolas de Staël ou Mark Rothko, creuse
la relation qui peut s'établir entre deux créateurs
de disciplines différentes, et nous dit comment un
artiste parvient à éclairer sa voie par la grâce d'une
rencontre.