C'est le récit poignant « sur la captivité de mon père » écrit Joëlle. Son papa André Delpech est un résistant quercinois, arrêté par la Gestapo à Cahors le 17 mai 1944, suite à une dénonciation, puis déporté, dans le « fameux » train de la mort du 2 juillet 1944, au camp de la mort lente de Dachau, dans un des kommandos les plus durs de la vallée du Neckar en Allemagne.
L'historienne Barbara Distel, spécialiste du camp de concentration de Dachau, notera dans sa préface: « André Delpech était un homme réservé qui parlait rarement de lui-même... Il raconta le suicide d'un ami qui avait soudain abandonné tout espoir et s'était fait abattre par un garde SS, l'assassinat d'un détenu... J'ai moi-même eu la chance d'être témoin de ces moments-là et ces récits brefs mais impressionnants se sont profondément ancrés dans ma mémoire. » Sa fille Joëlle Delpech-Boursier nous permet de découvrir le parcours de son papa, pour le lecteur elle fait revivre avec force et détails l'enfer et l'humiliation que ce jeune résistant a vécus et subis dans ce camp de la mort lente aux côtés de ses compagnons d'infortune. Car les Stücks qu'ils étaient devenus devaient disparaître en ne laissant nulle trace. Pour André Delpech ses vingt ans seront fêtés sous les coups et l'ignominie de la barbarie du nazisme sur l'Appelplatz de l'horreur, il y répondra en restant un homme debout.
Ce témoignage est un remarquable travail, un hommage au verbe résister, un devoir de mémoire. Ce livre magistral est porté par une enfant d'un déporté résistant qui certes n'a pas connu la guerre mais qui a hérité de cette tragédie la grandeur de résister et à rester homme. Ces valeurs à transmettre nous aident pour que nos enfants se réalisent citoyens.
L'ouvrage se termine sur une série de dessins réalisés au camp de Dachau par l'artiste Jacques Barrau, une oeuvre d'une humaine et saisissante émotion qui donne une force et une pulsion à ce chant si doux d'une enfant pour son père.
Michel Reynaud