Balzac géographe pense le territoire. Il y mesure les changements de l'Histoire, les, transformations économiques, les évolutions sociales. Historien des moeurs, Balzac repère aussi les petits territoires, fabriqués par des castes qui y affirment leur identité en excluant les intrus, occupés, eux, à en contester la clôture. On sait que l'auteur de La Comédie humaine, entre éthologie et sociologie, aime à comparer les espèces sociales et animales. Aussi fallait-il la diversité des spécialistes ici réunis et la multiplication des points de vue pour cerner cette représentation complexe, qui va de la stratégie militaire à celle du boudoir, dans un va-et-vient constant entre espace public et espace privé. Tous les textes de Balzac, ou presque, se trouvent convoqués, à commencer par l'Avant-propos, en confrontation avec les discours scientifiques de Cuvier, Geoffroy Saint-Hilaire, Malte-Brun ou Humboldt. Presque tous les romans: des Chouans, «scène de la vie militaire», à La Recherche de l'Absolu et à Séraphita, d'Albert Savarus au Curé de village et au Médecin de campagne, d'Une passion dans le désert à la trilogie provinciale des Célibataires - Pierrette, Le Curé de Tours, La Rabouilleuse. Paris, lieu de pouvoir par excellence, est omniprésent, car cette géographie est politique.
Ce livre est le quatrième volume de la «Collection Balzac» dirigée par Nicole Mozet sous l'égide du Groupe International de Recherches Balzaciennes, aux éditions Christian Pirot. Il est publié avec le concours de la Région Centre, du Conseil Général d'Indre-et-Loire, de l'équipe «Histoire des représentations» de l'Université de Tours et de l'équipe «Littérature et histoires» de l'Université Paris 8.