Barnett Newman
Barnett Newman associe ses oeuvres à la mystique juive, qu'il découvre en lisant les écrits de Gershom Scholem. Dans ses tableaux, la couleur et la lumière expriment le divin. En se référant à la mystique juive, l'artiste honore la mémoire des Juifs pieux de l'Europe orientale, assassinés par les hitlériens. Mais ce n'est pas la lumière de la raison et de la Loi qui traverse les tableaux et les sculptures de Newman, c'est celle de l'exaltation et de la passion qui accompagne la fulgurance de l'expérience mystique et l'illumination sidérante offerte par le divin. Ainsi, son projet de synagogue est le symbole de la cosmologie sublime du théologien Isaac Luria. Par ailleurs, en signant une préface des mémoires du célèbre anarchiste Kropotkine, le peintre est proche du messianisme libertaire et mystique d'intellectuels d'Europe centrale comme Landauer, Benjamin, Bloch et Buber.
La religiosité de Newman a plusieurs sources d'inspiration. Des toiles comme Les Stations de la Croix empruntent au christianisme. Leur silence solennel est lié à une réflexion sur le mal radical incarné par Auschwitz. Une partie de ses sculptures, notamment, se réfèrent à la sacralité des arts amérindiens.
Dans cet ouvrage, la spécificité de la mysticité des oeuvres de Newman est définie en la comparant avec celle de trois peintres abstraits : Mondrian, Rothko et Malevitch.