Comme Brutus n'avait plus rien de caché pour Aronce, il fut le lendemain au matin lui faire une visite à sa chambre, lui semblant qu'il trouverait quelque consolation à s'entretenir avec un amant malheureux aussi bien que lui. Et en effet, ces deux illustres amants se parlèrent d'abord avec plus de tendresse qu auparavant, et l'amour unit si fort leurs coeurs, qu'ils s'entretinrent avec beaucoup de douceur quoiqu'ils fussent tous deux misérables et ne parlassent que de choses mélancoliques. Pendant qu'ils s'entretenaient ainsi et qu'Herminius agissait secrètement par le moyen de ses amis et pour les choses qui regardaient la passion qu'il avait dans l'âme, et pour tout ce qui pouvait nuire à Tarquin ou servir à Aronce, l'adroit Amilcar agissait de son côté et pour Aronce et contre Tarquin, et pour Clélie et pour Plotine, et pour toutes les autres captives. Il tâchait même d'engager la fière Tullie à délivrer toutes ces prisonnières, principalement les deux à qui un intérêt d'amitié et d'inclination l'attachaient.