L'ensemble est celui de poèmes cherchant sur la durée à accrocher une part de la ville turbulente. Les coordonnées de l'année répétitive en ses métamorphoses aident à stabiliser le regard sur un espace incessamment défait et recomposé. Il n'y a pas là une concession à la faveur écologique de l'heure, mais l'expérience d'une ville ayant connu plusieurs retours à la nature, dont l'expansion incroyable engloutit forêts et lacs, que l'histoire bloqua net en ses avancées. Elle abrite une sauvagerie indisciplinée au centre même de sa grande machinerie. On y salue les lieux les plus communs avec fraternité, dessine quelques itinéraires à travers les époques et les strates urbaines, ou bien l'on se contente parfois de la pluie qui tombe ou de la simple neige.
Le vers traverse les saisons, les quartiers de la ville, les échos de son histoire. En fouillant dans la terre il reconnaît des traces, qu'il cherche à joindre en un chant. Il traverse, pour les coudre, les mettre ensemble, ces fragments historiques revêches à se fondre dans la pâte du présent.
Le parcours du vers est souterrain. L'inattendu de la pure rencontre en déclenche la flèche. L'expédition poétique déborde ici les abords circonscrits par un lieu singulier, sans programme. L'émotion nait aux confins d'une familiarité troublée et d'une forme sans cesse interrogée.