Davout, Lannes, Murat, Ney, Lefebvre... autant de compagnons de la
gloire et de l'épopée napoléonienne. Etrangement, le nom de Berthier
occupe rarement les premiers rangs, comme si on lui déniait sa participation
active aux succès et aux échecs de l'Empereur. Pourtant, pendant
près de dix-huit ans, il fut le maréchal de l'ombre, suivant Napoléon dans
toutes ses campagnes, transcrivant et transmettant avec fidélité ses ordres,
de jour comme de nuit. L'Aigle sut le combler en lui attribuant fonctions,
honneurs et richesses, sans pour autant l'apprécier humainement.
Considéré comme incolore et sans esprit, accusé sans fondement de
trahison en 1814, mort de façon mystérieuse en 1815, le major général de
la Grande Armée reste méconnu. On oublie souvent qu'il a existé avant
Napoléon : il a servi dans les armées de Louis XVI, combattu en Amérique
et pendant la Révolution, tissé des amitiés avec La Fayette, Noailles ou
encore Rochambeau. De même, au-delà des fastes de l'Empire, l'homme
apparaît plus complexe : amoureux passionné d'une marquise italienne,
mari d'une princesse bavaroise, père de famille attentionné et gestionnaire
averti d'un domaine foncier sans équivalent dans la France impériale.