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Quatre étages plus bas, au numéro 2 de la rue des Beaux-Arts, la librairie de La Balance est restée ouverte. Derrière la vitrine couverte de buée, on peut deviner la joyeuse assemblée qui s’y presse. Un placard, sur la porte, annonce pour ce soir le vernissage de la première exposition française de science-fiction. [...]
A l’intérieur, les bouteilles de Sancerre tournent, les rires fusent, les esprits s’échauffent. Le petit local est plein à craquer. Il y a Jacques Bergier et Michel Pilotin, au cœur chacun d’un petit cercle de discussion. Des zazous tirés à quatre épingles se prennent en photo avec le grand robot en fer-blanc déniché dans une casse de Montreuil. Des inconnus bouquinent la collection de titres rares réunie pour l’occasion. Indifférent au brouhaha, Pierre Versins passe de tome en tome, griffonnant trois mots dans un carnet avec un rogaton de crayon gris. Valérie Schmidt, la patronne, fait salon à l’étage pour les quelques journalistes qui ont consenti au déplacement. Ils attendent Queneau, qui ne viendra pas. S’étonnent de la nouveauté de ce genre littéraire venu d’Amérique et vieux de plus de trente ans. La libraire parle du jazz, de la guerre, de l’espoir en l’homme. Montre les photos des immeubles que Gaudi a construits à Barcelone.
Puis la porte s’ouvre, en bas, et Jacques Sternberg entre...