Les sociologues africains-américains St. Clair Drake et Horace R. Cayton nous invitent à explorer, au cœur de Chicago, les quartiers de Black Metropolis, la plus importante métropole noire étatsunienne après Harlem, et nous en révèlent la double face : ghetto surpeuplé, résultat de la pratique dite des “clauses restrictives” empêchant la mixité résidentielle, mais aussi ville dans la ville, puisque s’y sont développées de nombreuses institutions, une vie sociale, culturelle et religieuse intense, des écoles, une presse influente, une activité économique formelle et informelle prospère, gagnant ainsi le surnom de Bronzeville. Black Metropolis. Une ville dans la ville.Chicago 1914-1945 décrit la singularité de cette minorité urbaine. La discrimination raciale et donc les combats des Africains-Américains tout au long de l’histoire de la ville, leur capacité d’action collective et individuelle pour la conquête de leurs droits et la reconnaissance de leur place pleine et entière dans cette société y sont présentés dans leur vivacité. Cet ouvrage, fruit d’une vaste enquête collective menée dans la période du New Deal, s’est imposé comme une référence de l’école de Chicago et a contribué à fonder les Black Studies dans les universités américaines. Richard Wright, l’écrivain africain-américain le plus célèbre de l’époque, signe la préface de l’édition originale de 1945, prolongeant la force de l’écriture de cette monographie exceptionnelle, capable tout à la fois d’émouvoir et de faire réfléchir sur ces sujets cruciaux où race, classe et genre se conjuguent. Black Metropolis, devenu un classique de la socio-anthropologie urbaine, tant pour les spécialistes que pour un public plus large, est ici traduit en français pour la première fois près de quatre-vingts ans après sa publication aux États-Unis. Un cahier iconographique inédit complète la traduction française.