J'ai tenté de centrer chacun de ces textes brefs autour d'un événement suffisamment précis (une rencontre amoureuse à Lisbonne, un courant d'air ressenti sur l'épaule gauche, une nuit passée au Jardin des Tuileries, un aigle s'envolant dans une forêt de Charente-Maritime, le déchirement d'un couple dans un théâtre) pour m'autoriser à brouiller les pistes quant aux questions de temps, de lieux, et surtout quant au statut exact du narrateur : parfois mes personnages prennent le dessus me semble-t-il, ce qu'il est convenu d'appeler une "nouvelle" glisse vers le théâtre, la caméra objective se fait subjective, les frontières entre le dedans et le dehors, entre le marionnettiste et ses marionnettes deviennent fluctuantes, mouvantes : des brèches ont voulu être ouvertes dans ce mur de la narration.
Mais au-delà du style, chacun de ces événements aura été vécu par les protagonistes (et donc par l'auteur) comme autant de brèches. Brèches, c'est-à-dire à la fois cassures et ouvertures. Un aujourd'hui dérangé, fissuré, fécondé, parfois mis à mal peut-être, pour qu'un demain existe. »
Laurent Contamin