Le dualisme anthropologique qui réduit l’homme à n’être que corps et âme, seulement physique et psychique, certes, ne date pas d’hier. À Rome, au début du deuxième siècle, après avoir longuement réfléchi à la question qu’il se posait en ces termes pour nous pleins de saveur : « Quelle demande les hommes tenant à faire des prières, à aller devant les autels, à offrir les entrailles et les boudins sacrés d’un cochon de sacrifice, doivent-ils adresser aux dieux ? », le poète Juvénal, excellent observateur de son temps, donnait dans ses Satires (X, 346-366) cette réponse célèbre qui a traversé les siècles gravée dans le bronze : « Mens sana, in corpore sano. » Puisse donc le lecteur arrivé en fin de ce livre comprendre, au plus profond de lui-même que cette réponse binaire et close, – qui continue de verrouiller et d’exténuer notre temps –, parce qu’elle est insuffisante, met l’humanité sur une voie sans issue où l’attend un avenir absurde et tragique. Car la bonne réponse, la seule vraiment digne de la vie qui nous a été donnée en partage, réponse que Juvénal aurait pu entendre de la bouche de Justin Martyr, de Tatien ou d’Irénée de Lyon s’il les avait croisés sur les trottoirs de Rome, cette réponse n’est pas binaire, mais ternaire. En paraphrasant Juvénal, nous la dirions ainsi : « Spiritus sanctus, in mente sana, in corpore sano »