Tout est parti d'un constat : des mondes d'une très grande diversité se sont reconnus et se reconnaissent dans un nom, le contemporain, pour dire un nouveau rapport au temps et à l'espace. Ce mot, par lequel des communautés se désignent, s'est imposé dans tous les domaines de la vie commune, dans tous les univers de discours et, c'est une première, sur l'ensemble de la planète.
Lorsqu'on entreprend d'enquêter sur le contemporain, c'est donc une myriade de données, parfois contradictoires, qui s'impose. Un véritable brouhaha. Mais de ce brouhaha, une dynamique se dégage ; une dynamique de décentrement, de débordement, de décadrage, instituant un nouvel imaginaire.
Toutes les histoires documentées dans cet essai retrouvent ce mouvement. Ainsi de la massification et de la différenciation des sociétés qui ne se laissent plus discipliner dans les concepts politiques hérités de la modernité. Ainsi de la production et de la transmission du savoir, plus horizontales et diffuses, opérant à travers des modes plus démocratiques et moins élitistes. Ainsi du temps vécu comme une concordance de temporalités à l'ère hypermédiatique. Ainsi des formes artistiques et des productions culturelles qui, s'affranchissant de leurs supports et de leurs cadres habituels, rendent indistincts le dedans et le dehors, l'acteur et le spectateur, la production et la publication. Ainsi de la pensée du monde, qui est désormais une pensée des mondes.
En six stations qui sont autant de mots-clés du contemporain (exposition, médias, controverses, publication, institutionnalisation, archéologie), cet essai s'attache à décrire les transformations actuelles des formes culturelles et des visions de l'histoire.