Par une maîtrise de l'agencement dramatique tout
anglo-saxonne, Matt Hartley force la porte de trois
appartements et fait peu à peu monter la pression au
sein de trois groupes d'individus : de jeunes parents
désemparés ; des amis au retour d'une soirée arrosée et
tendue ; un couple cimenté par la passion et la méfiance
mutuelle. Ces trois actes, se déroulant en temps réel
sur une heure trente, pourraient constituer trois pièces
courtes indépendantes, si ce n'était le brio avec lequel
l'auteur enchevêtre les divers éléments du puzzle.
Car dans ce portrait d'une classe moyenne qui vise la
maîtrise de soi et craint le scandale, il introduit un
événement grave qui révélera la mesquinerie ordinaire,
les compromissions quotidiennes et obligera les
protagonistes à se regarder en face et tenter de retrouver
leur dignité humaine... ou ce qu'il en reste.
Grâce à une langue effilée et efficace, Hartley livre un
texte virtuose, véritable boîte à jeu pour les acteurs :
ces trois huis clos confirment que l'enfer, c'est bien les
autres.