Cet ouvrage se présente comme un triptyque. Le panneau central
offre une autobiographie à l'état brut de Michel Mazeron, le héros de
notre histoire. Elle se compose de lettres envoyées à ses proches, ou de
mémoires soumis à l'administration pour dénoncer l'injustice qui lui a été
faite, et constitue l'Affaire Mazeron, proprement dite. Avec tout ceci se
joue le rêve d'un autre monde au point de jouxter, littéralement, la folie,
ou la déraison visionnaire... avec l'arrière-plan toujours présent de Mai 68,
dont Mazeron fut un acteur, au sein du CMDO, et dans la mémoire de
l'amitié et de l'échange avec Guy Debord, dont ce dernier veut bien, par
une lettre inédite à Mazeron, se porter garant.
Le panneau de gauche est une suite de quatre entretiens, dans le style
du XVIIIe siècle, entre les trois protagonistes et responsables du projet.
Le panneau de droite est le film, Buvons, buvons et moquons-nous du
reste ; docu-fiction qui met en scène Mazeron et sa forte présence par
le verbe iconoclaste, aux limites de l'onirisme. Chaque panneau est en
harmonie avec les deux autres et lui sert de miroir. A certains égards, ce
triptyque rend la parole à un «vaincu» de Mai 68, qui a pris ses slogans
au pied de la lettre... plutôt que de «faire carrière». Mais si «l'ambition
est l'ultime refuge de l'échec» (Wilde), il est loisible de penser qu'une telle
histoire, mi-tragique et mi-grotesque, laisse, encore et toujours, sa part
sensible et vivante au rire et au rêve.