Le cadrage de la prostitution est la manière dont celle-ci est
représentée, dont elle est réglementée et l'articulation entre les
images qui sont véhiculées et le droit appliqué. Deux communautés
d'opinion - d'entrepreneurs de morale - s'affrontent pour la
détermination des normes : réglementaristes et abolitionnistes.
La société française hésite encore beaucoup aujourd'hui. On assiste
notamment à une explosion idéologique du féminisme sur le sujet. Le
régime juridique est lui aussi ambivalent et distingue deux types
d'activités sexuelles rémunératrices auxquels sont associées des règles
diamétralement opposées : d'une part une industrie du sexe, qui
s'expose avec ostentation et bénéficie de réglementations
commerciales et professionnelles diverses ; d'autre part une
prostitution de rue pour laquelle des individus sont fréquemment
soumis à des peines privatives de liberté. Les «cadres» supérieurs de
la prostitution peuvent accéder au vedettariat, tandis que la
répression s'abat sur les «ouvrières» du sexe.
L'objet de cette étude est de révéler l'arbitraire de ces jugements, et de
mettre en évidence la discrimination institutionnalisée qui sévit, en
France de nos jours, dans l'espace des échanges économico-sexuels.