Tel le Phénix le bel Albert semble renaître de ses cendres. Celui que l'intelligentsia avait anathématisé, pulvérisé, avant de le jeter dans les poubelles de l'histoire est réapparu semble-t-il, plus fringant que jamais.
Dans cette impressionnante commémoration soulignée par un feu d'artifice de publications, conférences, émissions, projections et autres manifestations, on a pu avoir trop souvent l'impression d'une récupération pseudo-intellectuelle sinon commerciale et le sentiment d'un camouflage de l'homme tel qu'il était, à savoir un authentique et fidèle fils de ce peuple algérois démembré, éparpillé par le ventilateur aveugle de l'histoire. Mais ce peuple algérois avec ses qualités et ses défauts, ses grandeurs et ses petitesses, sa joie de vivre et ses carences, qui peut donc encore l'évoquer dans sa réalité la plus crue alors que, pendant plus de cinquante ans, les couches successives de la sédimentation désinformatrice ont tout fait pour le masquer, le défigurer, la dénaturer, sinon le faire disparaître ?
C'est ce qui a poussé Jean-Pierre Brun aujourd'hui, à la faveur d'une balade toute fraternelle avec Camus, à redécouvrir et mieux comprendre ce fils de « chez nous ôtres », leur glorieux Prix Nobel. Sinueuse promenade à laquelle il invite à se joindre plus particulièrement les Pieds-Noirs, leur descendance, leurs amis et, pourquoi pas, les curieux et autres promeneurs de bonne volonté.
Nombre de Français d'Algérie et leur descendance n'ont connu leur célèbre compatriote qu'à travers un prisme déformant d'idées reçues, de préjugés malveillants, de raccourcis extrêmes, accessoire optique laissé aux mains des manipulateurs de cette opinion publique si impressionnable.
Son cursus professionnel, politique, philosophique et artistique n'a rien de rectiligne. La ligne droite n'a pas été pour lui le plus court chemin de Belcourt à Stockholm...