Il n'est pas courant de révéler un texte vieux d'un siècle. Écrits au cours des combats de 1914-15 et de la captivité qui s'en suivit, ces Carnets seraient tombés dans l'oubli sans l'intervention éclairée de la famille. Une vision particulière de la vie dans les tranchées car l'auteur s'adresse à son épouse allemande ce qui donne du relief à sa réflexion lucide. Un texte d'intérêt historique mais aussi littéraire, soutenu par l'affect et une analyse moderne des évènements.
Nous le savons bien que ce n'est pas l'Allemagne et la France qui se battent, mais bien une certaine Allemagne qui a su imposer la guerre, et une certaine France qui n'a pas su imposer la paix. Ici et là il n'y a pas assez de gens pour résister aux préjugés ; aussi ne nous rétractons pas, ma petite. Au contraire. Ne couvrons pas la guerre immonde d'un beau voile éclatant, laissons-nous pénétrer de son horreur.
Si jamais nous avons le droit d'être pacifistes, ce sera bien lorsque nous aurons risqué tous les deux notre vie à la guerre ; ma petite, le soir tombe sur notre Noël 1914. Je te donne un grave baiser.