L'épreuve de la maladie et la domination de l'alcool provoquent
chez l'alcoolomane, un grand désordre. Une fois le sujet sevré
physiquement du produit, celui-ci va chercher à s'en protéger. Parmi
les formes de résistances possibles, l'auteur a retenu l'acceptation de la
domination du toxique pour s'en servir d'arme et par là même,
entreprendre une expérience positive de santé, avec l'abstinence pour
norme. C'est à ce stade que se situe cette recherche : sur les processus
d'accrochage et de décrochage au toxique. Pour les découvrir, a été
élaboré un protocole de formation reposant sur l'écriture créative.
Durant une année, trois abstinents vont consigner dans un carnet de
route des fragments de phrases, d'images et de dessins retraçant leur
parcours. La première hypothèse suppose que griffonner, écrire au-delà
des mots pourrait être un complément, un à côté de l'écriture qui
mettrait en image l'indicible. Pourrions-nous y trouver des alliances
possibles entre le cognitif et le visuel au profit d'une meilleure
communication ? La deuxième hypothèse place les carnets de route
dans une démarche esthétique de soin qui peut soutenir dans la
relecture existentielle et mettre en exergue les tactiques et les stratégies
déployées pour se distancier et s'émanciper.