« Personne ne défend nos cathédrales. Le poids de la vieillesse les accable, et sous prétexte de les guérir, sous prétexte de restaurer ce qu'il ne devrait que soutenir, l'architecte leur change la face.
Devant elles les foules s'arrêtent, en silence, incapables de comprendre la splendeur de ces immensités architecturales, admirant néanmoins, instinctivement. Oh ! l'admiration muette de ces foules ! Je voudrais leur crier qu'elles ne se trompent pas... »
À soixante-quatorze ans, le formidable Auguste Rodin dont la réputation n'est plus à faire publie un texte vigoureux prenant la défense de ceux qui l'ont précédé, ces géants anonymes bâtisseurs de cathédrales. Il crie à l'abandon, à la négligence, aux méfaits de la modernité qui abîme plus qu'elle ne répare. Pourtant, au fil des pages, on découvre aussi ce qui pour le sculpteur fait le charme et la force de ces bâtiments hors du commun : matière, volume, ombres, lumière, harmonie... Défilent alors ces édifices majeurs qui ornent les villes de Melun, Étampes, Mantes, Nevers, Amiens, Le Mans, Soissons, Reims, Laon, Chartres ou des pays de la Loire... cette architecture médiévale au croisement des arts et des époques.