Ce qui noue le corps au langage
Concevoir ce qui noue le corps au langage est un enjeu majeur pour la pensée. Le sexe fait défaut à inscrire un rapport entre les deux moitiés sexuées de l'humanité, la jouissance sexuelle ne s'y prêtant pas. Or cet échec est fondateur ; car il appelle dans le langage toutes sortes de fabrication de plus-values de jouissance, de plus-de-jouir pour s'y substituer. Ainsi, corps et langage se trouvent noués ensemble par l'intermédiaire d'une jouissance, dont l'accès passe partout ce qui en tient lieu. Pour cela, d'autres objets du corps prêtent leur logique, orale, anale, scopique, vocale, au lieu de celle qu'il n'y a pas, l'inceste et son interdit concourent à y suppléer par d'autres voies, et ce qui se conserve de l'Oedipe initie chacun à une fonction phallique organisatrice de l'Un du sexe, au lieu du deux. Le rêve sans cesse fait passer à l'inconscient, formant les images en lettres, ce qui vient des jouissances inassimilables, il noue continûment entre eux ces différents registres, en produit une écriture. Autant de points-noeuds qui tiennent corps et langage arrimés l'un à l'autre par ce mode de jouir qui est celui du corps parlant Ce livre déploie ainsi quelques clés décisives pour penser le corps et la psyché autrement qu'en territoires séparés.