« Ventre alourdi gorge étranglée
Voix inerte mains éteintes
Tu lui tournes le dos mais aucun soleil
Ne sera pareil ni aucune pluie
L'espace vide qui t'attend
Ne porte en lui aucun miracle
Tu détaches tes pieds de la boue
Et tu marches »
Ceux du large... Qui Ananda Devi désigne-t-elle par ce titre ?
La réponse nous est donnée dès les premiers vers du recueil : « Dans des barques de feuilles mortes / Il portent à bout de fatigue / Les enfants de leur faim », avant d'être assenée comme une gifle dans le dernier poème : « Ceux que la vie éventre / De son coutelas ». Entre ces deux poèmes, elle suit l'errance des réfugiés, ces êtres qui ont fui la terre où ils vivaient pour tenter d'atteindre une autre rive. Malgré la « terreur de l'eau », malgré la mort en embuscade. Et si l'auteure s'est donné la peine d'écrire ce texte en trois langues - français, anglais, créole mauricien -, c'est pour ne pas rester « Tête baissée bras ballants » devant « Le film catastrophe » qui se déroule sous nos yeux. L'éditeur que je suis s'incline devant ce chant de fraternité pour tous les réfugiés du monde.